Et vous, connaissez-vous l’association « Félins pour l’autre » ?

C’est au cœur de Villers-le-Bouillet que nous découvrons dans une pièce à l’arrière d’une maison unifamiliale, un refuge pas tout à fait comme les autres. Des petits chats qui courent par-ci, d’autres qui sautent par-là, certains font leur petite sieste malgré toutes les acrobaties des plus jeunes ; les plus hardis n’hésitent pas un seul instant à venir se faire câliner.

C’est en septembre 2017 que « deux êtres faits l’un pour l’autre », Eve Beele et Ugo Fachechi créent leur ASBL.

Pourquoi avoir ouvert un refuge ?

(Eve) Ugo et moi nous sommes rencontrés dans un refuge de la région liégeoise. Nous y étions tous les deux employés, Ugo depuis plus longtemps que moi. J’ai très vite été déçue de ce qui se passait derrière les portes « inaccessibles au public ». Savoir que tous les chatons de moins d’un kilo étaient systématiquement euthanasiés me rendait malade ! Et ce, peu importe leur état de santé. Même si ils étaient viables, en bonne santé et sachant se nourrir tous seuls… Ils n’étaient pas épargnés.

La pratique de l’euthanasie des chatons, des chats malades, des « sales » caractères a rapidement dépassé mon entendement. C’était trop dur à vivre pour moi. J’étais contente de pouvoir m’impliquer dans la cause animale mais j’ai très vite perdu cette sensation de faire quelque chose de bien. J’avais l’impression d’assister à un massacre de masse. Nous avons tous les deux quittés nos postes.

Pour la petite anecdote, c’est en partant en Roadtrip en Suisse, qu’Ugo m’a demandé : « Tu veux faire quoi maintenant ? » Je lui ai répondu un peu évasive « J’aimais bien l’idée de sauver des animaux… Je pensais être faite pour ça. » C’est en rigolant qu’Ugo m’a répondu « On a qu’à créer notre propre refuge ». Et l’aventure a commencé. Nous avons fait des recherches de dons, nous avons fait les demandes aux instances spécifiques, nous avons obtenu les accords et nous avons commencé à aménager une quarantaine et une chatterie.

Nous avions très peu de budget, nous étions heureux d’avoir seulement un arbre à chat et un panier pour les accueillir !

Qu’y a-t-il de différent dans votre refuge ?

Nous sommes contre l’euthanasie.* Nous mettons tout en oeuvre pour sauver chaque animal qui arrive chez nous. Qu’ils soient jeunes, souvent non sevrés, vieux, malades, agressifs, peureux, … Tous les chats sont considérés et nous donnons toute notre énergie pour que la prise en charge soit optimale : soins et socialisation et ce, afin qu’ils puissent être adoptés. Nous biberonnons les plus jeunes, nous choyons les plus vieux, … Nous nous investissons tous les jours, parfois les nuits, pour leur survie.

*Dans certains cas exceptionnels, l’euthanasie doit être pratiquée. Dans ces cas, il s’agit d’une décision prise sur l’état de santé de l’animal. C’est une décision prise par notre vétérinaire, en cas d’absolu dernier recours, quand l’animal est dans un état de souffrance irrémédiable. Heureusement, c’est très rare.

Nous n’utilisons pas de cages.* Nos chats et chatons évoluent ensemble, dans un espace libre et confortable. Ils ont des espaces en hauteurs, des paniers, des arbres à chats, des jeux, … Une pièce coocooning où attendre confortablement leur nouvelle famille. On veut qu’ils se sentent chez eux avant d’arriver réellement chez eux.

*Les seules cages utilisées sont les cages de quarantaine. Lorsqu’un animal est malade, il doit être séparé des autres afin de ne pas les contaminer. Une fois guéri, il retourne avec les autres.

Pourquoi vous êtes vous orientés vers les chats ?

(Ugo) C’est simplement une question d’infrastructures. Nous n’avons pas la place pour accueillir d’autres animaux tels que les chiens, par exemple.

Justement, qu’en est-il des obligations légales en matière d’infrastructures ?

(Eve) Nous devons mettre à disposition de chaque chat un espace d’1m2/ 1m80 de hauteur. Vu l’espace dont nous disposons, nous dépassons rarement l’accueil de 13 chats à la fois.

Nous fonctionnons également avec des familles d’accueil. Si nous manquons de place, nous demandons à des familles d’accueil de prendre le relais en accueillant chez eux des petits protégés. Les chats restent la propriété du refuge et les frais vétérinaires sont à notre charge.

Qui peut devenir famille d’accueil ?

Pour des chats sauvages, il faut que nous disposions de « bonnes âmes » qui ont de la patience et du temps à consacrer pour les sociabiliser. Pour les chatons non sevrés, c’est plus difficile car ils doivent être biberonnés, généralement toutes les deux heures, jour et nuit. Il faut donc des personnes très disponibles, investies, et qui savent ce qu’elles font car ce n’est pas toujours facile de donner le biberon à des chatons ! C’est une énorme responsabilité.

Si les familles d’accueil souhaitent adopter les chats dont elles se sont occupés, c’est possible.

Pourquoi avoir créé cette ASBL dans une entité rurale, à Villers-le-Bouillet ?

(Eve) La réponse sera courte (rire) : tout simplement parce que j’y habite.

Comment l’ASBL s’est-elle construite ? Et surtout comment se finance-t-elle ?

(Eve) Au début, il faut bien admettre que nous comptions tout au cent près. Nous avons aménagé l’espace disponible avec ce que nous avions (les moyens du bord). Avec le montant des premières adoptions, nous avons pu commencer à rembourser ce que l’on avait investi sur fonds propres. Nous avons également eu la chance de percevoir une aide financière du Ministre Di Antonio. Il a aidé tous les refuges avec un financement proportionnel aux nombres d’animaux pouvant être accueillis sur place. Grâce à ce subside, nous avons pu créer cet été un enclos extérieur de 24m2. C’est un espace supplémentaire pour les chats qui sont habitués à vivre dehors. C’est encore une manière pour nous de faire en sorte que les nouveaux arrivants ne soient pas trop dépaysés par rapport à leur vie d’avant. Ainsi, ils sont moins stressés et vivent mieux leur court passage au sein du refuge.

Quel est le montant de l’adoption ? Parvenez-vous à rentrer dans vos frais ?

(Eve) Le montant de l’adoption est de 120 euros. Ce montant, qui comprend l’identification, la stérilisation et la vaccination, assure principalement les frais vétérinaires. Les autres charges (la nourriture, les produits pharmaceutiques, l’eau, l’électricité, les assurances, …) sont couvertes par des dons et fonds propres.

Les dons peuvent être : des dons financiers via le compte de l’ASBL, de la nourriture, des arbres à chat, des jeux, des paniers, même de la litière… Tout cela est très utile pour le bon fonctionnement du refuge et le bien être de nos protégés. Nous acceptons beaucoup de choses. Pour la nourriture, nous demandons juste que les sachets soient fermés.

Nous profitons d’ailleurs de cet article pour faire appel aux dons des Villersois amoureux des animaux qui croient en notre projet.

Revenons quelques minutes sur la création de l’ASBL. Nous avons vu que vous avez un numéro d’agrément ? A quoi sert-il ?

(Eve) Nous avons des obligations à remplir auprès du SPW, à l’ouverture et tout au long de la vie du refuge. Il s’agit par exemple d’indiquer les membres du conseil d’administration, de décrire les infrastructures, expliquer notre méthode de fonctionnement, … Au départ, le numéro d’agrément est donné de façon provisoire. Une fois que le refuge est ouvert, il y a toute une série de contrôles et de normes à respecter par rapport aux législations et exigences du bien-être animal. L’agrément définitif nous a été accordé en date du 9 janvier 2018.

Comment les chats arrivent-ils chez vous ?

Ce sont des personnes bienveillantes qui nous les apportent. Les personnes trouvent souvent des chatons abandonnés, des chats malades ou blessés et nous accordent leur confiance pour que l’on puisse les sauver. Il y a également les personnes qui « abandonnent » leur chat suite à un déménagement, à des allergies, ou ce genre de choses.

Est-ce que vous parvenez à raisonner les gens ?

Je pense que si une personne décide d’abandonner son animal, c’est déjà trop tard. Je préfère que le chat soit pris en charge par le refuge plutôt qu’il soit abandonné dans la nature.

Par contre, en amont de l’adoption, nous posons toute une série de questions sur base d’un questionnaire. C’est très important avant d’accueillir un animal de se poser toutes les questions : vais-je pouvoir m’en occuper, aurais-je assez de temps à lui consacrer, puis je assumer les frais vétérinaires, où pourrais-je le placer si je pars en vacances, que vais je faire en cas d’allergie, en cas de déménagement, … ?

Sauver des chats, c’est également remettre parfois, dans la nature, un petit fauve qui n’épargnera pas la souris, mais aussi les oiseaux. Êtes-vous conscients que ce problème accélère la disparition de certaines population d’oiseaux ?

Oui et c’est pourquoi il est important de rappeler qu’il est indispensable de stériliser son chat, et ainsi, limiter la prolifération des chats.

Que faites-vous des chats qui sont « de trop » ? Parce qu’il n’est pas possible de tous les prendre … Combien de temps reste un chat chez vous en moyenne ?

(Eve) Nous n’avons pas de « trop ». Si nous prenons un animal en charge, c’est que nous avons une place pour lui. Si l’adoption est plus lente que pour un autre chat, nous attendons le temps nécessaire afin qu’il soit adopté.

Les chats sociables et en bonne santé restent en moyenne 3 semaines au refuge. Nous prenons le temps d’apprendre leur caractère et de faire les démarches vétérinaires (Stérilisation, vaccination et identification). En été, nous avons souvent de jeunes chatons. Forcément, le temps qu’ils grandissent et soient en âge d’être stérilisés, ils restent chez nous.

Les chats malades restent le temps nécessaire des soins tandis que les chats moins « faciles » restent le temps nécessaire à une adoption favorable. Même si cela peut prendre des mois, nous avons toujours trouvé une famille pour chacun de nos protégés.

Avez-vous des partenariats ?

Nous avons un partenariat avec la Clinique Vétérinaire VT-R pour la prise en charge globale des nos chats. Nous nous y rendons, en moyenne, une fois par semaine. Notre vétérinaire, quant à elle, nous rend visite une fois par mois.

Nous avons également un partenariat avec le Café à Chats « le Merlix » situé à Liège, Rue des Clarisses. Nous confions au Merlix, 5 ou 6 chats, sociables et non peureux, en espérant qu’ils trouvent une famille plus facilement qu’au refuge. Ce sont des chats adultes, qui ne sont pas dérangés par la clientèle du café. C’est un endroit calme où ils peuvent être câlinés. La clientèle peut boire son café tranquillement tout en faisant connaissance avec les chats. Cela permet aux adoptants de bien prendre conscience du caractère de l’animal avant de vouloir l’adopter. A partir du moment où quelqu’un craque sur un chat, nous avons un formulaire de souhait d’adoption qui doit être rempli, que nous analysons. Puis nous laissons deux semaines de délais entre l’entrée du formulaire et l’adoption définitive. Cela nous permet de constater la sérieuse ambition d’adopter un chat et d’éviter les adoptions compulsives. Nous voulons que ce soit un acte réfléchi et durable.

Y a-t-il d’autres partenariats ?

Nous n’avons pas d’autres partenariats à proprement dit mais nous travaillons parfois avec les Accueils Extrascolaires. Cet été, nous avons accueillis les enfants des plaines de vacances d’Amay et de Verlaine. Ils ont pu découvrir le refuge, nos actions, notre rôle, et caresser nos petits résidents. Nous avons essayé de leur inculquer le respect et certaines valeurs envers les animaux.

Comment pouvons-nous voir les chats adoptables avant de se déplacer dans le refuge ? Avez-vous un site internet ?

(Eve) Oui bien sûr nous avons un site internet : https://www.refuge-felinspourlautre.com et une page Facebook : Félins pour l’autre – Refuge pour chatons. Notre page Facebook est plus rapidement mise à jour que le site internet. Vous pouvez y voir les chats disponibles à l’adoption.

Avant de terminer, en deux mots, quels sont les principaux atouts de votre refuge ?

Un espace ouvert et familial, sans cage, qui permet aux chats d’évoluer correctement par rapport à leurs besoins éthiques. Ils peuvent aller en hauteur, se cacher, jouer, grimper, faire leurs griffes, profiter d’une pièce lumineuse, … Enfin, un espace où ils sont soignés et choyés jusqu’à leur adoption.

Eve, nous ne pouvons pas finaliser l’interview sans parler de ta présentation aux prochaines élections à Villers-le-Bouillet. Tu as choisi de te porter candidate sur la liste Ecolo. Est-ce que cet engagement est lié à votre combat pour la protection des chats ?

Oui, entre autre. Mes ambitions sont tant au niveau des animaux que des citoyens. En quelques lignes :

  • La stérilisation gratuite des chats errants dans la commune

  • Une aide financière pour la stérilisation et l’identification des chats de particuliers.

  • Favoriser la consommation de produits locaux

  • Favoriser l’ouverture d’un centre médical et d’un planning familial.

  • Lutter contre le harcèlement scolaire

  • .…

Un tout grand merci pour votre accueil et pour cette interview ! Bonne chance à vous deux et à toi Eve pour ton engagement à travers ce refuge et en politique avec Ecolo !

Un grand merci pour nos petits chats sauvés d’un triste destin.

Retrouvez toutes les informations utiles pour faire des dons, adopter un chaton et/ou pour joindre « Félins pour l’autre, Refuge pour chats et chatons », sur le site internet et sur page Facebook.

Si vous avez apprécié cet article et souhaitez aider le refuge dans son quotidien, vous pouvez réaliser des dons sur le compte de l’association : BE28 0018 1914 0020. Il est également possible de commander de la nourriture directement destinée aux résidents du refuge. Pour ce faire, vous pouvez indiquer l’adresse suivante durant votre commande :

Félins pour l’autre – ASBL

Rue de Vinalmont, 6

4530 Villers-le-Bouillet